A la fin des années 1950, la cavalerie
blindée française engagée en Algérie
voit ses automitrailleuses d'origines américaines
M8 complètement à bout de souffle. Il
convient donc de remplacer ces véhicules. lI existe
bien entendu les engins blindés à roues
(EBR) Panhard, rapides et bien armés qui sont
employés en AFN. Ils sont souvent redondants
pour les missions qu'ils effectuent.
De plus, la guerre d'Algérie qui
est avant tout une guerre d'embuscade, nécessite
des armes à tir plongeant comme les mortiers,
et non des armes à tir tendu comme le canon de
37 mm de laM8oule75mmdel'EBR. La réflexion sur
les besoins opérationnels débouche sur
un véhicule armé en tourelle d'un mortier
et d'une ou deux mitrailleuses. Un premier projet est
lancé en 1955 mais il est vite arrêté
car à cette époque, on se dirige vers
la fabrication sous licence de l'excellente automitrailleuse
britannique Ferret. Toutefois, les sociétés
Berliet et Panhard, contactées pour cette fabrication
déclinent l'offre. Le plan de charge industriel
leur paraît en effet trop faible. Face à
cette situation, l'état-major de l'armée
de terre (Emat) décide, en 1956, de relancer
un nouveau programme pour une automitrailleuse légère
nationale qui sera confié à trois sociétés
chargées de réaliser des prototypes. Les
constructeurs sont l'AMX, Panhard et Saviem. Afin de
réaliser la « soudure » entre les
vieilles M 8 et le futur véhicule, deux cents
automitrailleuses Ferret sont achetées en Grande-Bretagne.

Panhard utilise son expérience
acquise à travers l'EBR. Chaque roue à
suspension par ressort hélicoïdal est indépendante
et placée en dehors de la caisse. Ce système
renforcé par un plancher en V qui fait office
de déflecteur contre le souffle d'une explosion
assure une très bonne protection contre les mines.
Pour améliorer la tenue en tout-terrai-n, le
véhicule est équipé d'un répartiteur
de transmission qui transmet un maximum de puissance
à la roue qui a le plus d'adhérence. La
pression des pneus est à pression variable grâce
à un compresseur alimenté par le moteur.
Ce système, nouveau pour l'époque, sera
adapté par la suite sur de nombreux véhicules
à roues de combat ou de servitude. Avec ses organes
mécaniques de transmission à l'intérieur
de la caisse et ses roues indépendantes, l'engin
est insensible au sable et, sans être amphibie,
passe des gués de 1,10 m. Après des essais
comparatifs qui se déroulent en 1958, la voiture
245, comme on l'appelle chez Panhard, est retenue.
Au départ, l'armement de la future
automitrailleuse légère devait comprendre
un mortier de 60 mm à chargement par la culasse,
directement inspiré par le lance-grenades de
50 mm réalisé pour la défense des
ouvrages de la Ligne Maginot et de deux mitrailleuses
de 7,5 mm modèle 1931. C'est dans cette configuration
que les premiers véhicules de série, livrés
en 1961, sont envoyés pour expérimentation
en Algérie. Mais le conflit touche à sa
fin et le besoin d'un engin blindé spécialisé
dans la lutte anti-guérilla s'estompe. Toutefois
si les prévisions initiales pour 2000 exemplaires
sont revues à la baisse, l'AML Panhard apparaît
comme un véhicule bien adapté aux missions
de la défense opérationnelle du territoire
(DOT).
En effet, en cas d'offensive à
l'Ouest des forces du pacte de Varsovie, on craint des
largages massifs de parachutistes de l'Armée
rouge sur les arrières de l'OTAN. Dans ce cas,
on retrouverait la guerre d'embuscadecomme en Algérie
à ceci près que les parachutistes soviétiques
seraient accompagnés d'engins blindés
de combat. II faut donc donner à l'AML une puissance
de feu antichar. À cette époque, les Sud-Africains
recherchent un engin à roues léger pour
remplacer leur 6x6 Saladin armé d'un canon de
76 mm. Ils demandent aux Français d'étudier
une version de l'AML avec une tourelle armée
du nouveau canon de 90 mm F 1 de 35 calibres capable
de perforer à 900 m 320 mm d'acier à blindage,
grâce à son obus à charge creuse.
A l'époque, ce canon est plus puissant que le
75 mm qui arme l'EBR et que celui de 75 mm monté
sur l'AMX 13. Tous les deux ne tirent que des obus perforants
!
Malgré cet armement très
puissant, l'AML peut tirer par le travers, assise sur
ses quatre roues. Le temps de recharger, le châssis
se stabilise et permet d'ouvrir le feu à nouveau.

CARACTERISTIQUES |
EQUIPAGE |
3
hommes |
POIDS |
4.8
tonnes |
MOTEUR
& PUISSANCE |
Moteur
Panhard 4-HD de 90cv |
DIMENSIONS |
Longueur
3.79 m.
Largeur : 1.95 m
Hauteur : 1.86 m |
PERFORMANCES |
Vitesse
de route 100 km/h
Autonomie 600 km |
ARMEMENTS |
1
mortier de 60
2 Mitrailleuses |