Le fusil-mitrailleur de 8 mm CSRG modèle 1915

Au début du premier conflit mondial les stocks d'armes subissent une saignée importante du fait des ravages de l'artillerie et des mitrailleuses, il devient urgent de recompléter les stocks rapidement.

La mitrailleuse Hotchkiss 14 est trop lourde, trop chère et peu propice à la guerre de mouvement, il est donc décidé la réalisation d'une arme légère, rustique et tirant en rafale destinée à appuyer les troupes d'assaut. Le temps est malheureusement compté et il faut faire vite, là où en temps de paix une étude d'arme nouvelle prend des années il faut sortir cette arme en quelques mois...
Comme pour toutes étude d'arme une commission est nommée en 1915, elle se compose alors du colonel CHAUCHAT et des ingénieurs SUTTER et RIBEYROLLE. La commission ressort des cartons une arme mise au point à l'atelier de Puteaux avant la guerre sur les bases d'un brevet dû à l'ingénieur Hongrois Rudolf FROMMER.

Le prototype est rapidement essayé et rondement adopté sous l'appellation officielle de Fusil-mitrailleur de 8 mm CSRG modèle 1915, les  lettres CSRG viennent des initiales des membres de la commission et de celle du fabricant mais rapidement l'arme fut surnommée FM CHAUCHAT.
Afin de fabriquer ce FM au plus vite, les techniques traditionnelles (usinage, fraisage etc...) doivent être limitées à la fabrication des pièces essentielles (canon, culasse...) le reste devant être construit par des ateliers non spécialisés. Les progrès de la technique armurière moderne en sont à leurs débuts et les connaissances en terme d'emboutissage et de rivetage en particulier sont réduits mais néanmoins certains secteurs de l'industrie civile l'utilisent comme les fabricants de vélocipèdes par exemple. C'est en raison de cette connaissance que la fabrication de notre nouvelle arme sera confiée à la société des cycles Gladiator ainsi qu'à plusieurs usines travaillant en sous traitance, l'assemblage final se faisant chez Gladiator.
Les manufactures d'Etat de Châtellerault et de St-Etienne seront sollicitées pour la fourniture des canons. Afin d'aller au plus vite on se servira de canons de mousqueton 1892 auquel sera adjoint un manchon en aluminium doté d'ailettes de refroidissement. La production à la Société des cycles Gladiator est lancée en 1915 et le CHAUCHAT entre en service actif en mars 1916 à raison de 8 armes par compagnie.
La fabrication va bon train puisqu'il sera livré 225 000 exemplaires du Chauchat avant l'armistice mais ceci au détriment de la qualité... Les incidents de tir sont nombreux, les ajustages défectueux, les tolérances de fabrication trop larges, l'arme est sensible à la boue du champ de bataille qui s'introduit partout et grippe le mécanisme, de plus la forme particulière de la munition de 8x50R montre vite ses limites, son bourrelet est inadapté au tir automatique en chargeur, d'où le forme particulière du chargeur de 20 coups...
Pourtant le fonctionnement est correct dès lors que certaines conditions sont réunies et en particulier lors de la reprise de la guerre de mouvement vers la fin de la guerre, dans ces conditions en effet le mécanisme est à l'abri de la boue des tranchées et les tireurs ont moins de souçis d'enrayages.
Néanmoins c'est dans le bourbier de ces tranchées qu'il est "né" et c'est là qu'il a raté le coche, il sera rejeté par les combattants autant français qu'américains, en effet un certain nombre de Chauchat en 8 mm leur seront livrés ainsi qu'une version particulière chambrée pour leur cartouche de .30-06. Cette dernière version sera encore pire que la version française, c'est dire...
Les principales modifications apportées par la suite au Chauchat ont été:
-en 1918, adoption d'un cache-flamme et du dispositif anti aérien
-en 1920, adoption des obturateurs de logement de chargeurs, de tube enveloppe et de fenêtre d'éjection.
Malgré cette tentative de rajeunissement son heure a sonnée, il disparait des manuels dès l'apparition du FM 24-29.
Arme innovante mais fragile, le Chauchat a rempli son office en temps voulu, à savoir fournir à nos troupes une arme automatique légère et disponible en grand nombre. Il en ressortira quelques exemplaires à l'entrée en guerre en 1939. Les allemands les laisseront sagement dans les dépôts alors qu'ils feront main basse sur nos Lebels par exemple pour équiper leurs troupes de seconde ligne. La fin de la 2° guerre mondiale le verra disparaitre par la petite porte, la plupart finiront au pilon, sans regrets...
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CARACTERISTIQUES

LONGUEUR

107 cm.

POIDS

à vide 8 870 Kg.

CALIBRE

8 mm.

ALIMENTATION

Chargeur de 20 cartouches

VITESSE INITIALE

630 mètres par seconde.