LA BATAILLE DE MOHI - 1241

Mort le 18 août 1227, Gengis Khan laissa à son fils Ogodai le soin d'étendre ses conquêtes vers la Perse, la Chine, l'Ukraine et la Hongrie.
A l'automne 1236, le vieux général Sübotaï (60 ans) se dirigea vers l'Occident à la tête d'une armée de 150.000 hommes. Une partie de son armée marcha sur les principautés russes du nord et les ravagea jusqu'aux abords de la riche cité de Novgorod.

Un peu plus tard, le 6 décembre 1240, Kiev, principale ville d'Ukraine, fut prise d'assaut et détruite.  L'Ukraine ne se remit pas de l'invasion mongole et perdit sa suprématie sur les peuples de la grande plaine russe.
Poursuivant sa marche, l'armée mongole brûla Cracovie, principale cité de Pologne et se heurta à une armée de chevaliers polonais et allemands qui furent anéantis en Silésie.Les Occidentaux, alertés, tentèrent, en vain, d'organiser une croisade commune.  Les Chevaliers teutoniques profitèrent même des désordres pour partir en guerre contre les Russes de Novgorod mais ils furent arrêtés par Alexandre Nevski. Victorieux des Polonais à Liegnitz, les Mongols , qui avaient subdivisé leurs forces en plusieurs corps d'armée indépendants, fondirent rapidement sur la Hongrie.  Dans l'après-midi du 10 avril 1241, le général mongol Sübotaï arriva en vue du pont de pierre enjambant la rivière Sajo près de Mohi. Il prit la décision de maintenir le gros de son armée à environ 10 Km de là.
Désirant provoquer un mouvement impétueux du roi de Hongrie Bela IV et espérant une traversée de la rivière par ce dernier, Sübotai laissa un détachement très faible pour surveiller le pont.

Bela IV atteignit le fleuve plus tard, le même jour.  Il établit une tête de pont sur son flanc droit, fit protéger le pont par son flanc gauche puis établit son camp en occupant une forte position à une certaine distance à l'ouest du fleuve mais ne le traversa pas.  Sur cette position, il préfèra attendre l’attaque des Mongols.  Le plan de Sübotaï s'avéra donc compromis.
Devant battre Bela IV le plus vite possible, avant que celui-ci n’ait appris son isolement total ( voir : la bataille de Liegnitz ), Sübotai refléchit à son plan de bataille.  Il était évident, qu'une fois au courant du désastre de Liegnitz , Bela IV se retirerait derrière le Danube vers les forteresses de la Hongrie occidentale. Si d'aventure celà se produisait, Sübotaï devrait les réduire une à une. Bela IV occupait une position bien-protégée et ne semblait guère incliné à se précipiter la tête la première dans un piège. Il avait le fleuve entre lui et les Mongols, tenait le pont et avait placé des troupes de part et d’autre de celui-ci.  Sübotaï n'avait aucun autre choix que d’attaquer mais dans des conditions très risquées.

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À l'aube du 11 avril 1241, les Hongrois repoussèrent les premiers efforts des Mongols qui essayèrent de passer le pont. Les Mongols employèrent des balistes et bombardèrent les soldats qui défendaient le pont avec des ‘bombes incendiaires’.

Les commandants hongrois, peu habitués aux méthodes de combat mongoles, furent surpris par l'attaque et deux contingents seulement (le premier mené par Koloman, roi des Ruthéniens, et l'autre par un des évêques du pays) opposèrent une résistance valable.  Ils parvinrent, malgré tout, à tenir jusqu'à l’arrivée de renforts et bientôt les mongols refluèrent vers l’arrière.  Toutefois, Bela IV ignorait que cette attaque menée par un milliers de cavaliers mongols était en fait une diversion cherchant à distraire les Hongrois dans le secteur du pont.
Les Hongrois, secoués par l'attaque rapide, furent stupéfaits lorsqu'une autre force mongole se matérialisa derrière eux.  Durant la diversion, Sübotaï était parvenu à franchir le fleuve avec la majeure partie de ses forces pour prendre les Hongrois à revers.  Ces derniers n'avaient jamais imaginé que les troupes mongoles puissent traverser par le fleuve en crue qui constituait un obstacle formidable et qu'au travers des marais, en utilisant une bande de terre peu large, ils puissent lancer une attaque de cavalerie. appuyée par 5.000 archers à cheval et des troupes lourdes.
Les Hongrois ne paniquèrent pas, mais ils perdirent l'initiative et les premiers désaccords apparurent dans leurs rangs.  Des troupes hongroises du flanc gauche se débandèrent et, en remontant le long du campement, créèrent un grand désordre dans l’armée.
Pressée de toutes part, les désertions se multipliant, l'armée hongroise fut bientôt mise en déroute. Seule une poignée de chevaliers Templiers résista.. Submergés par les Mongols, ils périrent tous jusqu'au dernier.
Le Roi Bela IV parvint à s'échapper mais beaucoup d’autres ne furent pas aussi chanceux. Pendant deux jours, les Hongrois, démoralisés et épuisés, firent retraite vers le Danube, les Mongols sur leurs talons.
70 000 Hongrois perdirent la vie dans la débâcle.

La route vers Budapest était ouverte...