DEBARQUEMENT D'INCHEON - 1950


La Corée du Sud occupait une position stratégique dans la lutte pour l'hégémonie en Extrême-Orient, où la présence française était déclinante à la suite de la guerre d’Indochine et où la puissance japonaise avait disparu. Aux yeux de l'Occident, la Corée du Sud faisait figure de seul rempart contre l’expansion communiste.

La guerre débuta le dimanche 25 juin 1950., lorsque les troupes nord-coréennes franchirent le 38e parallèle et envahirent le Sud.
Le 27 juin, le Conseil de sécurité de l’ONU, exception faite de l’U.R.S.S., décida de sanctions militaires contre la Corée du Nord et proposa la constitution d’une armée mixte regroupant seize nations. Le même jour, le président américain, Truman, ordonna aux forces U.S. du Pacifique de se porter au secours de la Corée du Sud. Le 30 juin, Truman ordonna l'intervention en Corée des forces américaines stationnées au Japon ainsi que des raids aériens contre le Nord.
Les forces alliées (Etats-Unis, Corée du Sud, Australie, Belgique, Luxembourg, Canada, Colombie, Ethiopie, France, Grande-Bretagne, Grèce, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande, Philippines, Afrique du Sud, Thaïlande et Turquie ainsi que les unités médicales danoises, indiennes et suédoises) furent placées sous le commandement unifié du général Douglas MacArthur, alors gouverneur militaire du Japon, et constituées en une VIIIe armée américaine. Ce fut la première fois de l'histoire que l’ONU adopta des mesures militaires contre un agresseur.

Malgré l’envoi de forces américaines en Corée, les Nord-Coréens s’emparèrent de Séoul, la capitale du Sud, le 28 juin et repoussèrent les Américains et les Sud-Coréens vers une enclave, de 130 kilomètres et sur 80, située autour de la ville portuaire de Pusan et dont la ligne de front passait par la ville majeure de Daegu.

Parvenu au commandement des forces alliées, le général MacArthur imagina un plan génial, baptisé "Chromite", en vue de renverser le cours de la guerre en Corée. Ce plan prévoyait le débarquement de forces U.S. à Incheon, grosse localité portuaire proche de Seoul (30 kilomètres) et voisine du terrain d'aviation de Kimpo, loin derrière les lignes nord-coréennes. Si le plan réussissait, les Américains auraient tôt fait de reconquérir le noeud routier vital de Seoul et de couper les Nord-Coréens de leurs sources de ravitaillement. Affaiblis, les communistes seraient dès lors pris à partie par les troupes défendant la poche de Pusan qui contre-attaqueraient vigoureusement.
Le plan de MacArthur fut accueilli avec scepticisme par les instances militaires U.S. et surtout par le supérieur hiérarchique de MacArthur, le général Omar Bradley, icône de la seconde guerre mondiale, qui considérait toute opération de débarquement comme obsolète en ce début d'ère atomique. Les dirigeants U.S. furent aussi saisis d'effroi à l'idée de séparer leurs forces limitées face à un adversaire nord-coréen supérieur en nombre.

En digne émule du général sudiste Lee, MacArthur parvint toutefois à obtenir gain de cause le 28 août 1950 et se vit confier 26.000 soldats, dont ceux de deux unités d'élite, la 1 ère division de marines et la 7 ème division d'infanterie...

D'un point de vue pratique, le port d'Incheon était, dans les années 50, difficilement pratiquable en raison d'un unique accès, par le canal des Poissons volants battu par des courants violents, et d'énormes bancs de boue s'étendant au large sur plus de 5 kilomètres.
Par ailleurs, afin d'assurer une certaine célérité au débarquement, il serait nécessaire d'envahir, outre les plages, les quais et les jetées du port dominés par d'imposantes collines où campait en force l'armée nord-coréenne.
Pour comble de malheur, le mois de septembre est en Corée celui des typhons. L'un de ceux-ci frappa les navires U.S. dans la journée du 3 septembre 1950 et occasionna de tels dégâts qu'il fallut plus de 24 heures de remise en état.

Malgré les difficultés, MacArthur persista et, dans les jours précédant le débarquement, ordonna le bombardement de divers objectifs côtiers afin de placer l'ennemi dans la plus grande confusion.

A l'aube du 15 septembre 1950, 230 navires U.S. firent leur apparition au large d'Incheon.



A 6h33, les premiers débarquements américains s'opérèrent sur la plage Verte. A 17h24, une puissante force U.S débarqua sur la plage Rouge, la plus proche d'Incheon. Enfin, à 18h00, un troisième débarquement eut lieu sur la plage bleue, située au sud du port; les 3.850 Américains débarqués sur cette plage eurent tôt fait de prendre le contrôle de la route et de la voie de chemin de fer liant le port à Seoul.
A Wolmi-Do, l'assaut ne posa guère de problèmes.
A Incheon, les troupes de débarquement durent s'emparer d'une hauteur de 110 mètres, la "colline de la radio". Les Américains, opposés à des conscrits nord-coréens, ne tardèrent pas à prendre le contrôle des digues portuaires.

A 11h15, les envahisseurs s'étaient emparés de Wolmi-Do et de l'île voisine de Su Wolmi-Do mais la marée basse survint et obligea les navires de ravitaillement à s'éloigner. A ce moment, on ne comptait aucun mort (mais 17 blessés) dans les rangs américains.

Vers 14h30, les navires U.S. purent se rapprocher des plages et bombardèrent copieusement les positions nord-coréennes.
A 17h24, comme cité précédemment, des renforts U.S débarquèrent sur la plage "Rouge". Ces renforts ne tardèrent pas à s'emparer de plusieurs hauteurs (collines du consulat britannique, de l'Observatoire, du cimétière). A minuit, les Américains contrôlaient les trois hauteurs dominant Incheon et les renforts continuaient à affluer.
Des difficultés étaient toutefois survenues par endroits. Ainsi, à 18h00, sur la plage "Bleue", des péniches de débarquement s'étaient échouées sur des bancs de boue en raison des fumées règnant suite aux combats précédents.

En date du 16 septembre, le succès américain pouvait être tenu comme complet. Le débarquement sur les trois plages avait réussi et le terrain d'aviation de Kimpo avait été conquis au prix de 196 tués U.S. Face aux 13.000 hommes débarqués, les Nord-Coréens ne pouvaient plus opposer que 1.700 adversaires, ayant déjà perdu plus de 200 hommes dans les combats.