LA BATAILLE DE BOUVINES - 1214

Le roi d'Angleterre, Jean sans terre, veut à tout prix récupérer les territoires français : Normandie, Bretagne, Maine etc. Pour cela, il décide de former une coalition européenne contre le roi de France, l'empereur d'Allemagne, Otton de Brunswick, se joint volontiers au roi d'Angleterre (Philippe soutient le pape qui vient d'excommunier Otton car celui-ci a voulu s'emparer du royaume des Deux-Siciles), les autres ennemis du roi de France sont multiples : Renault de Boulogne, Ferrand comte de Flandres, le duc de Brabant etc.

Au matin du 27 août 1214, les troupes du roi de France traversent le pont de Bouvines pour prendre du recul par rapport aux troupes coalisées et trouver un point d'attaque judicieux de la position occupée par Otton de Brunswick, qui s'est retranché à Mortagne, couvert par les marécages au confluent de l'Escaut et de la Scarpe, et par la forêt de la Charbonnière aux alentours. Averti du mouvement de recul des Français, Otton tient conseil et prend le parti de poursuivre les Français l'épée dans les reins et couper leur marche de flanc. Le vicomte de Melun et Guérin, évêque de Senlis, patrouillant en reconnaissance pour garantir la sécurité de la marche découvrirent du haut d'un petit mamelon les têtes de colonne de l'Empereur, en avertirent le roi aussitôt. Ce dernier fit alors stopper la traversée de l'armée, convoqua le connétable de France, Montmorency, et, après une brève oraison en ce dimanche, alla s'armer pour entamer le combat. Il fit disposer ses hommes en haie sur le front le plus large possible, pour pallier l'infériorité numérique et à un débordement éventuel.

Les forces en présence sont nettement à l'avantage des coalisés au niveau numérique : Otton de Brunswick disposait en effet de 80.000 hommes environ, dont 1.500 chevaliers. Philippe-Auguste alignait une armée trois fois moins nombreuse de 25.000 hommes dont 500 chevaliers, mais qui allait marquer la postérité par les prodiges dont elle fit preuve lors de cette journée. La bataille oppose les chevaliers français du duc de Bourgogne et les chevaliers français de la Garde de Montmorency face au corps flamand composé en grande partie de chevaliers flamands et de fantassins flamands provenant des milices locales, ce corps est commandé par le conte de Flandres Ferant. Le combat commence par un affrontement entre trois chevaliers flamands et trois chevaliers champenois, le petit engagement se termine par la capture des trois chevaliers flamands.

La bataille s'engage vraiment lorsque la chevalerie française d'élite du comte de saint Pol s'élance sur la chevalerie flamande, l'enfonce, la traverse, sur sa lancée, tourne bride, revient en arrière et recommence plusieurs fois sa charge impétueuse sans perdre de son souffle. Les autres princes français s'en vont a leur tour à la charge, ils sont à la tête des chevaliers français de Bourgogne, d'Île de France, de Champagne. Ces princes français se nomment Montmorency, Beaumont, Melun, ils font des prodiges, surtout Montmorency qui avec sa garde de 50 chevaliers renverse tout sur son passage !

Une géante mêlée de cavalerie s'engage dans la plaine, le duc de Bourgogne à la tête de ses chevaliers sème le désordre dans les rangs flamands. Un moment il chute de cheval, on le relève ! Il venge sa chute en assenant de terribles coups aux chevaliers flamands !

Les chevaliers français ont vite raison des chevaliers flamands, le conte Fertant de Flandres blessé d'un coup d'épée préfère se rendre à Gilles d'Acy et aux frères Mareuil, les restes de l'armée flamande fuient à perte de vue. Les français ont fait de nombreux prisonniers de marque. Il en est fini de l'aile droite alliée, mais la bataille n'est pas finie !

Car en même temps à gauche, une autre bataille s'engage. Les massiers français de l'évêque de Beauvais ont pour mission de garder le pont de Bouvines. En face ce sont les chevaliers anglais de Guillaume Longue Epée, dit aussi Salisbury, et les redoutables fantassins brabançons de Renaud de Dammartin. La seconde bataille s'engage, les chevaliers anglais emmenés par Salisbury chargent, renversent d'abord la première ligne française, ils arrivent au pont de Bouvines, mais là surprise ! Ils sont arrêtés subitement et brutalement par les massiers de l'évêque de Beauvais, les massiers assomment a coups de masses les anglais, l'évêque rugit, fonce sur Salisbury, évite le coup d'épée de l'Anglais, et riposte par trois magistraux coups de massue. Le pauvre Salisbury, qui a le crâne martelé s'écroule à terre, ce n'est pas la dernière victime du terrible évêque, puisque celui-ci assomme d'autres chevaliers anglais. Les Anglais ayant perdu pas mal des leurs et surtout leur chef, s'enfuient du champ de bataille, on ne les verra plus de l'après midi ! Le pauvre Salisbury est fait prisonnier !

Il reste à éliminer les Brabançons de Renaud de Damartin, celui-ci a perdu la plupart de ses chevaliers lors d'une charge face aux massiers de l'évêque de Beauvais. Il forme ses brabançons en carré et se réfugie au milieu du carré avec six chevaliers, Philipe Auguste envoie ses chevaliers français et les fantassins français de Saint Valery pour les exterminer. Renaud plein de rage fait l'erreur de sortir du carré Brabançons, il se fait renverser par un sergent à cheval français, il échappe de peu au massacre grâce a l'intervention heureuse de frère Guérin qui le fait prisonnier. Les prisonniers furent nombreux à Bouvines !

Les Brabançons n'ont plus le moral, ils ne veulent pas se rendre, alors les français les chargent, le plus triste c'est que les Brabançons ne se défendent plus, ces braves meurent à petit feu face aux coups des chevaliers Français de Saint Valery. La bataille de gauche est aussi gagnée, mais celle du centre se déroule en même temps, et celle-ci dégage une intensité très forte !

La bataille du centre oppose le corps de Philippe Auguste face au corps allemand d'Otton de Brunswick. Très vite les chevaliers allemands chargent, repoussent les fantassins des communes qui sont d'ailleurs mal équipés. L'infanterie allemande passe à son tour, Philippe Auguste resté un moment seul est tout d'un coup encerclé par une horde de fantassins Allemands, ceux-ci le renversent de son cheval, les Allemands lui assènent des coups, mais Philippe est protégé par une solide cotte de mailles, et surtout le chevalier français Pierre Tristan arrive et se jette tel un brave sur Philippe pour recevoir les coups des Allemands à sa place. C'est ce qui sauve le roi de France d'une mort certaine, au même moment les chevaliers français arrivent à la rescousse, abattent les fantassins allemands à coups d'épée avec une grande rage !

Le roi allemand Othon voyant un moment Philippe Auguste en difficulté s'est élancé avec 50 chevaliers Allemands (chevaliers saxons de la Garde) pour essayer de capturer Philippe Auguste, alors surgit de nulle part le chevalier français Guillaume des Barres, celui-ci, voyant au loin l'escorte d'Otton de Brunswick charger vers le roi de France, réunit une poignée de chevaliers français, contourne le champ de bataille, s'élance vers Otton, la fureur des chevaliers français calme très vite les chevaliers allemands, ceux-ci sont fauchés. Guillaume des Barres arrive comme un fou furieux sur Otton, Guillaume l'attrape par le heaume, et lui assène de terribles coups, d'autres chevaliers allemands arrivent, Otton est relâché un moment par Guillaume car celui-ci doit se défendre contre les nouveaux chevaliers allemands. Otton se réfugie totalement écoeuré vers sa garde saxonne, il n'en sortira plus! Guillaume des Barres souffle un moment, puis il confie aux différents princes français, Barthelimy de Roye, Guillaume de Garlande, Gautiers de Nemours, la mission de veiller sur le roi, Guillaume des Barres organise également la contre offensive, le bouquet final, il charge à la tête de la chevalerie d'Ile de France. Les autres princes, Gérard la Truie et Pierre Mauvasoin, l'accompagnent, c'est la charge finale ! Les chevaliers français emmenés par Guillaume des Barres renversent les chevaliers saxons de la Garde de Otton, étripent les chevaliers allemands des contes allemands (les contes de Dortmund, de Tecklhenburg, de Hortsmar, de Randeradt), Mauvoisin assène un terrible coup d'épée dans le bouclier d'Otton, celui-ci fuit encore, les chevaliers saxons reviennent à la charge pour protéger leur empereur, les chevaliers français les exterminent.

Guillaume des Barres rejoint Otton, et comme lors de leur première rencontre, Guillaume sème la terreur chez l'Allemand. Il le saisit encore par la coiffe de son haubert, et lui tue son cheval d'un furieux coup d'épée, Otton s'écroule à terre, un chevalier saxon se sacrifie et lui donne un cheval, Otton terrorisé s'enfuit en poussant des cris d'épouvante, il arrache ses insignes d'empereur au passage, Guillaume des Barres est passé par là ! Mais ce n'est pas tout a fait fini puisque les quatres comtes allemands reviennent à la charge !

Les chevaliers français foncent au galop pour les faire capituler pour de bon. S'ensuit une terrible mêlée de cavalerie, sous le soleil qui chauffe, les chevaliers tourbillonnent, les épées s'entrechoquent, les chevaux complices se mordent entre eux ! A la fin, les chevaliers allemands sont battus définitivement, les quatres comtes allemands sont fait prisonniers, l'aigle allemand est détruit, la bataille est cette fois gagnée pour de bon ! La France est sauvée. La bataille de Bouvines fut une géante mêlée de cavalerie, et nous eûmes à déplorer la perte de dix chevaliers tués seulement, dont un d'une rupture d'anévrisme, ce qui en dit long sur la valeur des chevaliers français au corps à corps.