Article écrit par Bruno
Lefebvre
En juillet 1940, après la fin de la bataille de France,
alors qu’une grande partie de l’Europe est sous occupation
allemande, Hitler proposa aux Britanniques une paix de compromis avec
l’Allemagne et propose de nouvelles négociations. Churchill
refusa, tout en sachant que l’Angleterre serait la prochaine cible
de l'envahisseur. L'armée de terre allemande et la Luftwaffe n'avaient
fait qu'une bouchée de la Pologne avant de concentrer son attention
sur le nord et l'ouest. La campagne menée par les Britanniques
en Norvège avait pris fin honteusement, tandis que leur Force expéditionnaire
avait essuyé une cuisante défaite en France. Hitler décide
donc d’envahir l’Angleterre, mais il sait que pour se faire
il doit avoir la suprématie du ciel et donc anéantir la
Royal Air Force. Il y avait d'un côté le maréchal
de l'Air, sir Hugh Dowding, commandant les chasseurs (Fighter Command)
de la RAF, et de l'autre Hermann Gœring, qui dirige la Luftwaffe,
l'aviation de combat allemande, les maréchaux Kesselring et Sperrle,
qui commandaient les 2ème et 3ème flottes aériennes.
Les Anglais engagèrent 55 squadrons du Fighter Command, soit 850
chasseurs (Spitfire et Hurricane), c'est-à-dire 3 080 pilotes.
Les Allemands disposaient de
1 000 chasseurs, de 1 200 bombardiers (Junker,
Dornier et Heinkel), de 280 bombardiers en piqué (Stukas),
et de 375 chasseurs-bombardiers (Focke-Wolf et Messerschmitt), soit 10
000 hommes d'équipage pour ce qui fut la première bataille
de l'histoire entièrement livrée dans les airs et qui se
déroula du 10 juillet au 31 octobre 1940.

Le 13 août 1940, la grande offensive Allemande, qui devait être
décisive (le nom de code de l'opération était Adlertag,
le Jour de l'aigle), fut lancée dans l'après-midi. La Lutwaffe,
commandée par Goering, effectua 1 000 sorties de chasse et 485
sorties de bombardement. La Lutwaffe perdit 45 bombardiers et chasseurs,
tandis que les Britanniques n'avaient perdu que 13 chasseurs. Le 14, le
temps qui se dégradait (il était déjà mauvais
le 13), obligea les Allemands à n'engager que le tiers des flottes
de Kesselring et de Sperrle qui avaient été utilisées
la veille. Le 15, la 5ème flotte du général Stumpff,
qui était stationnée au Danemark et en Norvège, vint
aider les autres flottes ; il engagea tous ses chasseurs et la moitié
de ses bombardiers, soit au total 1 000 appareils. La RAF dut repousser
au cours de cette journée 5 attaques successives. 75 appareils
Allemands furent détruits et 35 chasseurs Anglais furent abattus. Les 16 et le 17, les attaques se poursuivirent, mais n'eurent aucun résultat.
Du 18 au 23, les opérations durent être suspendues à
cause du mauvais temps. En 10 jours une centaine d'appareils Britanniques
avaient été détruits, contre 100 chasseurs et 400
bombardiers pour les Allemands. De plus ces derniers avaient du renoncer
à l'emploi des Stukas trop vulnérables, et des Me-110, trop lents.
Le 24, Goering lança sa seconde offensive. Cette fois-ci les raids
furent concentrés sur les pistes d'envol, les hangars, les stations
radar, les centres de contrôle aérien, et les usines d'aviation
Britanniques. Pendant 14 jours, c'est-à-dire jusqu'au 6 septembre,
la RAF effectua en moyenne plus de 700 sorties quotidiennes, en étant
placée constamment en état d'alerte. Les Britanniques perdirent
295 chasseurs et 171 autres furent gravement endommagés, tandis
que la Lutwaffe avait perdue 530 appareils. Début septembre, la
RAF commençait à manquer de pilotes et d'appareils.
Mais dès le 7 septembre, Hitler ordonna un changement d'objectifs.
il inaugure une nouvelle tactique consistant à bombarder systématiquement
les villes britanniques dans l'espoir d'abattre le moral ennemi. C'est
le «Blitz», qui frappe en premier lieu les quartiers populaires
de l'East End de Londres. Le raid le plus violent frappe Coventry dans
la nuit du 14 au 15 novembre. La propagande allemande invente pour l'occasion
le néologisme «coventryser» pour exprimer l'idée
d'une destruction totale. Le Blitz se poursuivra jusqu’en mai 1941,
ce qui permit à la RAF, vu la concentration des objectifs sur les
grandes villes, de se refaire une santé.
Du 15 septembre et jusqu'au 10 mai 1941, pour échapper à
la défense anglaise, les bombardiers allemands interviennent systématiquement
de nuit, par vagues de 150 à 200 appareils à chaque fois.

Les bombardements font un total de 50.000 morts chez les
civils.
Devant l'incapacité de vaincre la chasse adverse, Hitler reconnaît
son échec et renonce dès le 12 octobre à son projet
d'invasion il retourne ses armes contre les Européens de l'Est
et les Soviétiques.


C’st donc la bravoure et la détermination de
tous les pilotes anglais, canadiens, australiens, néo-zélandais,
américains, français, belge et de bien d’autres nationalités,
en plus de l’erreur d’Hitler de concentrer les attaques sur
les villes qui permirent d’empêcher l’invasion de l’Angleterre.
De plus, les pilotes alliés pouvaient comptés sur l’avantage
de combattre sur leur territoire. S’ils devaient se parachuter,
ils étaient en quelques heures à nouveau opérationnel
tandis qu’un pilote allemend était perdu. Le réseau
de radars disséminé sur toute la côte joua également
un rôle déterminant, prévenant à temps les
escadrilles d’interception et en les dirigeant d manière
efficace.
De juillet à octobre, 415 pilotes anglais perdront
la vie dans cet affrontement décisif. Le Premier ministre exprimera
dès le 20 août la reconnaissance des Britanniques à
leur égard: «Jamais dans l'histoire des guerre un si grand
nombre d'hommes ont dû autant à un si petit nombre».